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VU À L'ÉTRANGER Cristal Union : conforter sa part de marché en Europe

Sur les quais du port de Brindisi, un convoyeur de 1,2 km achemine le sucre roux vers le site industriel pour l'approvisionner en sucre non raffiné.B. CAILLIEZ

Le groupe coopératif français a investi dans une raffinerie de sucre de canne dans le sud de l'Italie pour approvisionner le marché de la moitié sud du pays.

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Dix à douze fois par an, un bateau de 12 000 à 35 000 t de sucre roux en provenance du Brésil, du Mozambique, du Malawi, d'Afrique du Sud ou d'un autre pays, accoste sur les quais du port de Brindisi, sur la côte Adriatique de l'Italie, dans l'extrême sud de la botte. Il vient approvisionner en sucre non raffiné, l'usine SRB, Raffineria di Brindisi, détenue pour moitié par le groupe français Cristal Union. Un convoyeur de 1,2 km achemine le sucre roux vers le site industriel où il sera stocké dans un bâtiment d'une capacité de 55 000 t, avant d'être raffiné en sucre blanc, blond ou roux. Chaque année, entre 350 000 et 450 000 t de sucre sont ainsi raffinées à Brindisi et commercialisées sur le marché italien.

Un marché européen

Qu'est-ce qui a poussé une coopérative française qui produit du sucre à partir des betteraves de ses associés-coopérateurs champenois, picards, normands, alsaciens, auvergnats ou du sud de Paris, à investir dans le raffinage de sucre de canne importé dans le sud de l'Italie ? « Avec la fin des quotas sucriers, notre marché est désormais l'Europe, explique Alain Commissaire, directeur général de Cristal Union. En 2017, la production de notre groupe en France va augmenter de 30 % par rapport à il y a deux ans. Pour écouler ce volume supplémentaire, nous sommes en train de tisser un réseau de distribution à travers l'Europe, et notamment dans les pays déficitaires en sucre, comme l'Italie ou la Grèce. C'est aussi pour fournir à nos clients industriels comme Danone ou Coca Cola, là où ils sont présents, un sucre aux standards de qualité et de traçabilité français. » Après avoir passé des accords commerciaux en Grèce, avec Hellenic Sugar, et en Pologne, le groupe Cristal Union a investi en février 2015, dans la raffinerie de Brindisi, aux côtés d'American Sugar Refining. Il a également finalisé en juillet 2016, le rachat de la marque Eridania dans le nord de l'Italie. « Avec le sucre produit à Brindisi, nous allons approvisionner la moitié sud du marché italien, et avec Eridania, nous pouvons écouler du sucre produit en France dans la moitié nord du pays », précise-t-il. Dans le même esprit, la coop s'intéresse à d'autres pays européens.

Un arbitrage en fonction des cours

Ce sont les accords de l'Union européenne avec les PMA, pays les moins avancés, et « tout sauf les armes » qui ont conduit historiquement l'UE à importer du sucre de canne. « Comme le sucre raffiné se transporte moins bien que le sucre roux, exporter du sucre non raffiné depuis le pays producteur, pour le raffiner dans le pays consommateur, continue à rester logique, explique Xavier Astolfi, directeur général adjoint de Cristal Union. Le sucre roux est moins sensible à l'humidité et à la prise en masse. Son transport revient moins cher. » Celui qui arrive à Brindisi contient entre 2,5 et moins de 1 % d'impuretés, selon sa provenance. Le raffinage du sucre roux consiste à éliminer ces impuretés. Après dissolution dans l'eau, le sucre est conduit au travers de plusieurs épurateurs à chaux et à charbons actifs. Il est ensuite concentré en sirop et cristallisé comme dans une sucrerie classique.

Avec la fin des quotas, l'UE qui était déficitaire en sucre, peut désormais produire la totalité de ses besoins et même davantage. L'intérêt de raffiner du sucre de canne en Europe dans les années à venir sera donc uniquement économique. « Il se peut que pendant plusieurs mois, le prix de revient du sucre de canne raffiné soit plus élevé que celui du sucre de betteraves, et inversement, reconnaît Xavier Astolfi. Les volumes produits à Brindisi varieront selon les années. L'arbitrage se fera en fonction de l'évolution des cours du sucre de canne et du sucre de betteraves, ainsi que des coûts de transport pour acheminer le sucre roux à Brindisi et pour les deux types de sucre, entre les usines et les lieux de consommation. »

Des économies d'énergie

« L'usine de Brindisi qui a mobilisé un investissement de 125 M€, est la raffinerie de sucre la plus récente et la plus moderne d'Europe, souligne Massimiliano Bassi, directeur du site. Elle a la particularité d'avoir été conçue en deux business units, la raffinerie à proprement parler, et une unité de production d'électricité à partir d'huile de palme importée. L'Italie a fortement besoin d'énergie et encourage les projets à base d'énergies renouvelables. Le gouvernement accorde pour cela à l'usine de Brindisi des certificats verts qui représentent 20 % de son chiffre d'affaires. » La centrale produit 270 000 MWh par an d'électricité, l'équivalent des besoins d'une ville de 100 000 habitants, qu'elle revend au distributeur d'électricité italien Enel. La chaleur dégagée est utilisée sous forme de vapeur d'eau pour faire tourner la raffinerie. « La centrale fournit ainsi plus de 90 % de l'énergie nécessaire au fonctionnement de la raffinerie, ajoute Xavier Astolfi. Ce qui permet de réduire notre coût de production du sucre raffiné, de 50 €/t. »

Blandine Cailliez

Le bâtiment de réception du sucre roux de 100 m de long et 45 m de large, dispose d'une capacité de stockage de 55 000 t.

Xavier Astolfi, DGA de Cristal Union (à gauche), Alain commissaire, DG et Massimiliano Bassi, directeur de l'usine de Brindisi.

La raffinerie de Brindisi est la plus récente et la plus moderne d'Europe. Elle a nécessité un investissement de 125 M€.

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